J'ai reçu plusieurs mails me demandant une correction de l'exercice 11 du TD8. La voici (vérifiez bien les détails, ils y a peut-être des coquilles).
Bon courage pour les révisions ! 🎅🎅🎅🎅
a) L'intégrale fait 1 donc c'est une densité. Comme la densité est une fonction symétrique, l'espérance est nulle : E[X]=0. Encore par symétrie, on a E[X2]=2∫1∞x2/x3dx=+∞. Le TCL ne s'applique pas car X n'est donc pas L2.
b) Comme X a une loi symétrique on a φ(−t)=φ(t). De plus, on a toujours φ(−t)=φ(t). On en déduit que φ(t)=φ(t), c'est-à-dire que φ est en fait une fonction à valeurs réelles, et donc φ(t)=ReE[eitX]=E[cos(tX)]. Le cosinus et la densité de X étant des fonctions symétriques, on peut écrire
φ(t)=2∫1∞x3cos(tx)dx.
Le changement de variables y=tx donne
φ(t)=2t2∫t∞y3cos(y)dy
On écrit artificiellement cos(y)=1−(1−cos(y)). Comme ∫t∞1/y3dy=[−2/y2]t∞=2t2, on en déduit que
φ(t)=2t22t2−2t2∫t∞y31−cos(y)dy
ce qui est bien l'identité demandée.
c) Il s'agit essentiellement de montrer que la fonction g(t) définie par g(t)=∫t∞(1−cos(y))y−3dy vérifie g(t)∼−ln(t)/2 lorsque t→0+ (ou plus précisément g(t)=−ln(t)/2+o(ln(t))).
Idée : On coupe l'intégrale en a (à choisir plus tard), g(t)=∫ta…+∫a∞…; le second terme est une constante donc on l'oublie. On va montrer que le premier terme est équivalent à ln(1/t)/2. Près de 0 on a cos(x)∼1−x2/2+o(x2), donc en zéro la fonction dans l'intégrale est ∼1/2x et l'intégrale devrait être comparable à l'intégrale de ∫ta1/2ydy=(ln(a)−ln(t))/2∼ln(1/t)/2.
Je vous laisse essayer par vous-même de rendre rigoureuse cette idée (indice : bien choisir a et bien quantifier le petit o dans l'équivalent du cos). Envoyez moi un mail si vous avez des questions.
d) Comme les Xi sont iid, φZn(t)=φ(t/nln(n))n. Lorsque n→∞, la question précédente montre que ceci est équivalent à
exp(nln(1−nln(n)t2ln(nln(n)t)+o(t2/nln(n))))
Il faut calculer cette limite. L'équivalent usuel du logarithme en zéro est suffisant: on voit que le terme dans l'exponentielle est équivalent à
ce qui veut précisément dire que φZn(t)→e−t2/2, et donc par le théorème de Paul Lévy que Zn converge en loi vers N(0,1).
e) La fonction x↦e−θx2 est une fonction continue bornée. Par conséquent, la convergence en loi de la question précédente entraîne que E[e−θZn2]→E[e−θN2] où N est une gaussienne standard. Le carré d'une gaussienne standard suit une loi du chi-deux avec paramètre 1 (qui est aussi une loi Γ(1/2,1/2)). On a déjà vu la transformée de Laplace de ces lois:
ce qui montre que les Xn ont bien des moments à tous les ordres.
Par ailleurs si l'on pose fn(x)=P(∣Xn∣>x1/k),f(x)=P(∣X∣>x1/k) et Fn(x)=P(Xn⩽x),F(x)=P(X⩽x) on voit que
sur R+ ces fonctions sont dominées par la fonction Ce−x2/k qui est intégrable;
fn(x)=P(Xn<−x1/k)+P(Xn>x1/k)=limt→<−x1/kFn(t)+1−Fn(x1/k). Or, comme Xn converge en loi vers X, Fn converge vers F en tout point de continuité de F. Or, les points de discontinuité d'une fonction croissante sont au plus dénombrables, donc de mesure de Lebesgue nulle, donc Fn→F presque partout. On en déduit que fn→f presque partout.
Par le théorème de convergence dominée on a donc E∣Xn∣k=∫0∞fn→∫0∞f=E∣X∣k. De plus, comme E∣Xn∣k⩽A pour tout A, on en déduit immédiatement que E∣X∣k⩽A donc en plus, tous les moments de X sont finis.
Cela montre la convergence de tous les moments absolus, donc aussi de tous les moments d'ordre pair. Pour la convergence des moments impairs, on décompose en partie positive/négitave : Xn=An−Bn. En fait, An=σ(Xn) avec σ(x)=max{x,0} et σ est une fonction continue; or, si Xn converge en loi, toutes les fonctions continues[1] de Xn aussi, donc σ(Xn) converge en loi vers σ(X) qui est la partie positive de X, et de même Bn=Xn−σ(Xn) converge en loi vers la partie négative de X, notée B.
Comme la partie positive et négative de Xn sont également sous-gaussiennes avec les mêmes constantes, on applique ce qui a été vu plus haut; on en déduit que E[Ank]→EAk et EBnk→EBk. Or, comme k est impair,
De plus la fonction Γ vérifie la borne suivante: si m⩽x<m+1 avec m entier alors par croissance Γ(x)≤Γ(m+1)=m!≤mm≤xx. Par conséquent (12) est plus petit que
ck/22cC(k+1)((k+1)/2)(k+1)/2
et comme (k+1)/2≤k, tout ceci est plus petit que
2cCck/2kk/2+3/2=2cC(k/c)k/2k3/2
Par croissance comparée k3/2≤(k/c)k/2 dès que k est suffisamment grand, donc quitte à ajuster les constantes on voit qu'il existe a tel que tout ceci est plus petit que (ak)k/2 comme demandé.
Par convergence dominée (pourquoi ?) on peut écrire que
φn(t)=j=0∑∞j!ijtjEXnj.
Par simplicité on ne regardera que les t positifs, le cas négatif marche de la même manière.
On coupe la somme à un k entier et on borne brutalement le reste, qu'on notera r=r(n,k,t):
∣r(n,k,t)∣≤j>k∑(j+1)!tj+1(aj)j/2.
On a (j+1)!>j! et l'équivalent de Stirling dit que j!>cjjje−j. La constante ne jouant aucun rôle, on l'oublie (en fait cette inégalité est vraie pour tout j pour c=1). Ainsi, le reste devient borné par
où, à la dernière ligne, j'ai utilisé 1/j≤1 et j'ai posé ρj=tae/ja. Dès que k est plus grand que 4t2ae on voit que ρj<ρk×(1/2)j−k. Par conséquent la borne ci-dessus devient plus petite que tρkk(1−1/2)−1=2tρkk (série géométrique de raison 1/2). Or,
Comme les EXnj convergent vers EXj,on voit que EXj+1≤(aj)j/2. L'analyse faite à la question ii) est donc encore valable pour X, en particulier
φ(t)=j=0∑kj!ijtjEXj+r′(k,t)
où ∣r′(k,t)∣≤tk+1(bk)−k/2.
On en déduit que
∣φn(t)−φ(t)∣≤0∑kj!tj∣EXnj−EXj∣+∣r∣+∣r′∣.
Pour conclure, il faut faire attention à l'ordre dans lequel on prend les limites. On fixe d'abord t et on choisit ϵ. Comme r et r′ tendent vers 0 quand k→∞ on choisit un k très très grand pour que ∣r∣+∣r′∣≤ϵ/2. Ensuite on fait n→∞ et le premier terme tend vers 0, donc il est plus petit que ϵ/2.
In fine, on obtient bien que ∣φn(t)−φ(t)∣→0, donc il y a convergence en loi.